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échappées entre les doigts de l’opérateur, avaient sali le duvet doré qui ombrait la peau blanche. Quelques gouttes d’un sang noir coulaient dans un pli de chair, tombaient une à une sur le linge, dont on avait garni le matelas.

Il y eut une nouvelle syncope, Louise sembla morte, et le travail de ses muscles s’arrêta presque entièrement.

— J’aime mieux ça, dit le médecin que madame Bouland avertissait. Elle me broyait la main, j’allais être obligé de la retirer, tellement la douleur devenait insupportable… Ah ! je ne suis plus jeune ! ce serait fini déjà.

Depuis un instant, sa main gauche tenait les pieds, les amenait doucement, pour opérer le mouvement de version. Un arrêt se produisit, il dut comprimer le bas-ventre, avec sa main droite. L’autre ressortait sans secousses, le poignet, puis les doigts. Et les pieds de l’enfant parurent enfin. Tous éprouvèrent un soulagement, Cazenove poussa un soupir, le front en sueur, la respiration coupée, comme après un violent exercice.

— Nous y sommes, je crois qu’il n’y a pas de mal, le petit cœur bat toujours… Mais nous ne l’avons pas encore, ce gaillard-là !

Il s’était relevé, il affectait de rire. Vivement, il demandait à Véronique des linges chauds. Puis, pendant qu’il lavait sa main, souillée et sanglante comme la main d’un boucher, il voulut relever le courage du mari, affaissé sur la chaise.

— Ça va être fini, mon cher. Un peu d’espoir, que diable !

Lazare ne bougea pas. Madame Bouland qui venait de tirer Louise de son évanouissement, en lui