— Ma chère enfant, dit Pauline avec douceur, tu nous inquiètes… Nous allons envoyer chercher la sage-femme.
Alors, Louise se fâcha.
— Mon Dieu ! est-il possible de me torturer ainsi, lorsque je demande uniquement qu’on me laisse tranquille !… À huit mois, que voulez-vous que la sage-femme puisse y faire ?
— Il serait toujours plus raisonnable de la voir.
— Non, je ne veux pas, je sais ce que c’est… Par pitié, ne me parlez plus, ne me torturez pas !
Et Louise s’obstina, avec une telle exagération de colère, que Lazare s’emporta à son tour. Il fallut que Pauline promît formellement de ne pas envoyer chercher la sage-femme. Cette sage-femme était une dame Bouland, de Verchemont, qui avait dans la contrée une réputation extraordinaire d’habileté et d’énergie. On jurait qu’on n’aurait pas trouvé la pareille à Bayeux, ni même à Caen. C’est pourquoi Louise, très douillette, frappée du pressentiment qu’elle mourrait en couches, s’était décidée à se mettre entre ses mains. Mais elle n’en avait pas moins une grande peur de madame Bouland, la peur irraisonnée du dentiste, qui doit guérir et qu’on se décide à voir le plus tard possible.
À six heures, un calme brusque se produisit de nouveau. La jeune femme triompha : elle le disait bien, c’étaient ses douleurs habituelles, plus fortes seulement ; on serait joliment avancé à cette heure, d’avoir dérangé le monde pour rien ! Cependant, comme elle était morte de fatigue, elle préféra se coucher, après avoir mangé une côtelette. Tout serait fini, assurait-elle, si elle pouvait dormir. Et elle s’entêtait à écarter les soins, elle voulut rester seule,