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maison où elle avait mis, depuis des années, tant de gaieté sonore. Son cœur débordait de chagrin. Véronique servait d’un air tragique. Au rôti, Chanteau refusa un doigt de bourgogne, rendu tout d’un coup d’une prudence exagérée, tremblant à la pensée qu’il n’aurait bientôt plus la garde-malade, qui, de la voix seule, endormait les douleurs. Lazare, fiévreux, se querella tout le temps avec le médecin, sur une nouvelle découverte scientifique.

À onze heures, la maison était retombée dans son grand silence. Louise et Chanteau dormaient déjà, pendant que la bonne rangeait sa cuisine. Alors, en haut, devant son ancienne chambre de garçon, qu’il habitait toujours, Lazare arrêta un instant Pauline, comme chaque soir.

— Adieu, murmura-t-il.

— Mais non, pas adieu, dit-elle en s’efforçant de rire. Au revoir, puisque je ne pars que lundi.

Ils se regardaient, leurs yeux se troublèrent, et ils tombèrent aux bras l’un de l’autre, leurs lèvres s’unirent violemment dans un dernier baiser.