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linge. Cependant, elle ne voulait pas avoir l’air de prendre la fuite.

Ce fut vers cinq heures, par un temps superbe, que Lazare descendit de voiture devant la porte de la cour. Pauline s’était avancée à sa rencontre. Mais, avant même de l’embrasser, elle s’étonna.

— Comment ! tu es seul ?

— Oui, répondit-il simplement.

Et, le premier, il lui mit deux gros baisers sur les joues.

— Louise, où est-elle ?

— À Clermont, chez sa belle-sœur. Le médecin lui a recommandé un pays de montagnes… Sa grossesse la fatigue beaucoup.

En parlant, il se dirigeait vers le perron, il jetait dans la cour des coups d’œil prolongés. Il regarda aussi sa cousine ; et une émotion, qu’il contenait, faisait trembler ses lèvres. Comme un chien sortait de la cuisine pour lui aboyer aux jambes, il parut surpris à son tour.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda-t-il.

— C’est Loulou, répondit Pauline. Il ne te connaît pas… Loulou, veux-tu bien ne pas mordre le maître !

Le chien continuait de gronder.

— Il est affreux, ma chère. Où as-tu pêché cette horreur ?

En effet, c’était une pauvre bête bâtarde, mal venue, au poil mangé de gale. Il avait, en outre, une humeur exécrable, toujours grognon, d’une mélancolie de chien déshérité, à faire pleurer les gens.

— Que veux-tu ? en me le donnant, on m’avait juré qu’il deviendrait énorme et superbe ; et, tu vois, il est resté comme ça… C’est le cinquième que