Page:Emile Zola - La Curée.djvu/357

Cette page a été validée par deux contributeurs.
357
LA CURÉE

des banderolles, et la voix flûtée de M. de Saffré disait :

— Allons, mesdames, « la Guerre du Mexique… » Il faut que les dames qui font les broussailles, étalent leurs jupes en rond et restent par terre… Maintenant, les cavaliers tournent autour des broussailles… Puis, quand je taperai dans mes mains, chacun d’eux valsera avec sa broussaille.

Il tapa dans ses mains. Les cuivres sonnèrent, la valse déroula une fois encore les couples autour du salon. La figure avait eu peu de succès. Deux dames étaient demeurées sur le tapis, empêtrées dans leurs jupons. Madame Daste déclara que ce qui l’amusait dans « la Guerre du Mexique, » c’était seulement de faire « un fromage » avec sa robe, comme au pensionnat.

Renée, arrivée au vestibule, trouva Louise et son père, que Saccard et Maxime accompagnaient. Le baron Gouraud était parti. Madame Sidonie se retirait avec les Mignon et Charrier, tandis que M. Hupel de la Noue reconduisait madame Michelin, que son mari suivait discrètement. Le préfet avait employé le reste de la soirée à faire la cour à la jolie brune. Il venait de la déterminer à passer un mois de la belle saison dans son chef-lieu, « où l’on voyait des antiquités vraiment curieuses. »

Louise, qui croquait en cachette le nougat qu’elle avait dans la poche, fut prise d’un accès de toux, au moment de sortir.

— Couvre-toi bien, dit le père.

Et Maxime s’empressa de serrer davantage le lacet du capuchon de sa sortie de bal. Elle levait le menton, elle se laissait emmailloter. Mais, quand madame Saccard parut, M. de Mareuil revint, lui fit ses adieux. Ils restè-