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LA CURÉE

d’une gaieté nerveuse, depuis le commencement du bal, dansant à peine, se mêlant aux groupes, ne pouvant rester en place. Ses amies la trouvaient singulière. Elle avait parlé, dans la soirée, de faire un voyage en ballon avec un célèbre aéronaute dont tout Paris s’occupait. Quand le cotillon commença, elle fut ennuyée de ne plus marcher à l’aise, elle se tint à la porte du vestibule, donnant des poignées de main aux hommes qui se retiraient, causant avec les intimes de son mari. Le baron Gouraud, qu’un laquais emportait dans sa pelisse de fourrure, trouva un dernier éloge sur son costume d’Otaïtienne.

Cependant M. Toutin-Laroche serrait la main de Saccard.

— Maxime compte sur vous, dit ce dernier.

— Parfaitement, répondit le nouveau sénateur.

Et, se tournant vers Renée :

— Madame, je ne vous ai pas complimentée… Voilà donc ce cher enfant casé !

Et, comme elle avait un sourire étonné :

— Ma femme ne sait pas encore, reprit Saccard… Nous avons arrêté ce soir le mariage de mademoiselle de Mareuil et de Maxime.

Elle continua de sourire, s’inclinant devant M. Toutin-Laroche, qui partait en disant :

— Vous signez le contrat dimanche, n’est-ce pas ? Je vais à Nevers pour une affaire de mines, mais je serai de retour.

Elle resta un instant seule au milieu du vestibule. Elle ne souriait plus ; et, à mesure qu’elle descendait dans ce qu’elle venait d’apprendre, elle était prise d’un grand frisson. Elle regarda les tentures de velours