samment la blonde Suzanne. Non, vrai, si ça avait duré une minute de plus, j’aurais remis ma tête d’une façon naturelle, tant j’avais mal au cou.
M. Hupel de la Noue, de l’embrasure où il avait poussé les Mignon et Charrier, jetait des coups d’œil inquiets sur le groupe formé autour des deux jeunes femmes ; il craignait qu’on ne s’y moquât de lui. Les autres nymphes arrivèrent les unes après les autres ; toutes avaient repris leurs costumes de pierres précieuses ; la comtesse Vanska, en Corail, eut un succès fou, lorsqu’on put examiner de près les ingénieux détails de sa robe. Puis Maxime entra, correct dans son habit noir, l’air souriant ; et un flot de femmes l’enveloppa, on le mit au centre du cercle, on le plaisanta sur son rôle de fleur, sur sa passion des miroirs ; lui, sans un embarras, comme charmé de son personnage, continuait à sourire, répondait aux plaisanteries, avouait qu’il s’adorait et qu’il était assez guéri des femmes pour se préférer à elles. On riait plus haut, le groupe grandissait, tenait tout le milieu du salon, tandis que le jeune homme, noyé dans ce peuple d’épaules, dans ce tohu-bohu de costumes éclatants, gardait son parfum d’amour monstrueux, sa douceur vicieuse de fleur blonde.
Mais lorsque Renée descendit enfin, il se fit un demi-silence. Elle avait mis un nouveau costume, d’une grâce si originale et d’une telle audace, que ces messieurs et ces dames, habitués pourtant aux excentricités de la jeune femme, eurent un premier mouvement de surprise. Elle était en Otaïtienne. Ce costume, paraît-il, est des plus primitifs : un maillot couleur tendre, qui lui montait des pieds jusqu’aux seins, en lui laissant les épaules et les bras nus ; et, sur ce maillot, une simple blouse de