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sure que je n’ai pas froid du tout… Tiens ! vois donc si j’ai chaud !

D’un mouvement câlin, elle s’approchait pour se pendre à lui de ses bras nus, levant sa gorge ronde, que découvrait la chemise, glissée sur une épaule. Et, comme il se reculait, dans une irritation croissante, elle se fit docile.

— Ne te fâche pas, je vais me refourrer dans le lit. Tu n’auras plus peur que je prenne du mal.

Lorsqu’elle fut recouchée, le drap au menton, il parut en effet se calmer un peu. D’ailleurs, elle continuait de parler d’un air tranquille, elle lui expliquait comment elle avait arrangé les choses dans sa tête.

— Dès qu’il frappera, je descendrai lui ouvrir. D’abord, j’avais l’idée de le laisser monter jusqu’ici, où tu l’aurais attendu. Mais, pour le redescendre, ça aurait compliqué encore ; et puis, dans cette chambre, c’est du parquet, tandis que le vestibule est dallé, ce qui me permettra de laver aisément, s’il y a des taches… Même, en me déshabillant tout à l’heure, je songeais à un roman, où l’auteur raconte qu’un homme, pour en tuer un autre, s’était mis tout nu. Tu comprends ? on se lave après, on n’a pas sur ses vêtements une seule éclaboussure… Hein ! si tu te déshabillais toi aussi, si nous enlevions nos chemises ?

Effaré, il la regarda. Mais elle avait sa figure douce, ses yeux clairs de petite fille, simplement préoccupée de la bonne conduite de l’affaire, pour la réussite. Tout cela se passait dans sa tête. Lui, à cette évocation de leurs deux nudités, sous l’éclaboussement du meurtre, était repris, secoué jusqu’aux os, du frisson abominable.

— Non, non !… Comme des sauvages, alors. Pourquoi pas lui manger le cœur ? Tu le détestes donc bien ?

La face de Séverine s’était brusquement assombrie. Cette question la rejetait, de ses préparatifs de ménagère prudente, dans l’horreur de l’acte. Des larmes noyèrent ses yeux.