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— Oh ! il n’y en a pas pour dix mille francs… Permettez que je voie. 

Déjà, un à un, il prenait les bijoux, les retournait, les élevait en l’air, de ses gros doigts tremblants d’amoureux, avec sa passion sensuelle des pierreries. La pureté des rubis surtout semblait le jeter dans une extase. Et ces brillants anciens, si la taille en est parfois maladroite, quelle eau merveilleuse !

— Six mille francs ! dit-il d’une voix de commissaire-priseur, cachant son émotion sous ce chiffre d’estimation totale. Je ne compte que les pierres, les montures sont bonnes à fondre. Enfin, nous nous contenterons de six mille francs. 

Mais le sacrifice était trop rude pour la comtesse. Elle eut un réveil de violence, elle lui reprit les bijoux, les serra dans ses mains convulsées. Non, non ! c’était trop, d’exiger d’elle qu’elle jetât encore au gouffre ces quelques pierres que sa mère avait portées, que sa fille devait porter le jour de son mariage. Et des larmes brûlantes jaillirent de ses yeux, ruisselèrent sur ses joues, dans une telle douleur tragique, que Léonide, le cœur touché, éperdue d’apitoiement, se mit à tirer Busch par sa redingote pour le forcer de partir. Elle voulait s’en aller, ça la bousculait à la fin, de faire tant de peine à cette pauvre vieille dame, qui avait l’air si bon. Busch, très froid, suivait la scène, certain maintenant de tout emporter, sachant par sa longue expérience que les crises de larmes, chez les femmes, annoncent la débâcle de la volonté ; et il attendait.

Peut-être l’affreuse scène se serait-elle prolongée, si, à ce moment, une voix lointaine, étouffée, n’avait éclaté en sanglots. C’était Alice qui criait du fond de l’alcôve :

— Oh ! maman, ils me tuent !… Donne-leur tout, qu’ils emportent tout !… Oh ! maman, qu’ils s’en aillent ! ils me tuent, ils me tuent ! 

Alors, la comtesse eut un geste d’abandon désespéré, un geste dans lequel elle aurait donné sa vie. Sa fille avait entendu. Sa fille se mourait de honte. Et elle jeta les