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LES ROUGON-MAQUART.

des portières, dont je ne suis pas satisfaite. Seulement, il y a un tel monde, que j’attends de pouvoir approcher du rayon.

Elle causa, dit que c’était bien commode, ce mécanisme des rendus ; auparavant, elle n’achetait jamais, tandis que, maintenant, elle se laissait tenter parfois. À la vérité, elle rendait quatre objets sur cinq, elle commençait à être connue de tous les comptoirs, pour les négoces étranges, flairés sous l’éternel mécontentement qui lui faisait rapporter les articles un à un, après les avoir gardés plusieurs jours. Mais, en parlant, elle ne quittait pas des yeux les portes du salon ; et elle parut soulagée, quand madame Bourdelais retourna vers ses enfants, afin de leur expliquer les photographies. Presque au même moment, M. de Boves et Paul de Vallagnosc entrèrent. Le comte, qui affectait de faire visiter au jeune homme les nouveaux magasins, échangea avec elle un vif regard ; puis, elle se replongea dans sa lecture, comme si elle ne l’avait pas aperçu.

— Tiens ! Paul ! dit une voix derrière ces messieurs.

C’était Mouret, en train de donner son coup d’œil aux divers services. Les mains se tendirent, et il demanda tout de suite :

— Madame de Boves nous a-t-elle fait l’honneur de venir ?

— Mon Dieu ! non, répondit le comte, et à son grand regret. Elle est souffrante, oh ! rien de dangereux.

Mais brusquement, il feignit de voir madame Guibal. Il s’échappa, s’approcha, tête nue ; tandis que les deux autres se contentaient de la saluer de loin. Elle, également, jouait la surprise. Paul avait eu un sourire ; il comprenait enfin, il raconta tout bas à Mouret comment le comte, rencontré par lui rue Richelieu, s’était efforcé de lui échapper et avait pris le parti de l’entraîner au Bonheur, sous le prétexte qu’il fallait absolument