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ERCKMANN-CHATRIAN




J’aime à considérer chaque écrivain comme un créateur qui tente, après Dieu, la création d’une terre nouvelle. L’homme a sous les yeux l’œuvre divine ; il en étudie les êtres et les horizons, puis il essaie de nous dire ce qu’il a vu, de nous montrer dans une synthèse le monde et ses habitants. Mais il ne saurait reproduire ce qui est dans sa réalité ; il n’a aperçu les objets qu’au travers de son propre tempérament ; il retranche, il ajoute, il modifie, et, en somme, le monde qu’il nous donne est un monde de son invention. C’est ainsi qu’il existe, en littérature, autant d’univers différents qu’il y a d’écrivains ; chaque au-