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peuples ont égarées le long du chemin. Je préfère penser que ces symboles de mystère, ces sphinx, ces hiéroglyphes étaient une simple manœuvre sacerdotale ; le merveilleux, aux commencements des temps, les allures mystérieuses et solennelles ont dû être une excellente machine à gouverner. Les francs-maçons sont les descendants directs de ces prêtres égyptiens qui s’enfermaient sans doute pour faire croire qu’ils avaient quelque chose à cacher ; les adeptes d’autrefois y mettaient peut-être un peu plus de foi que les adeptes de nos jours, ayant la naïveté suffisante pour se tromper eux-mêmes. On sait que les francs-maçons réclament d’ailleurs l’Égypte pour patrie première, ce qui me fait supposer que cette philosophie, ces vérités perdues étaient un simple dogme social et religieux plus ou moins parfait. Ce dont on ne peut douter, c’est que le peuple égyptien a eu, un des premiers, la notion d’un Dieu unique et de l’immortalité de l’âme. Les pratiques du peuple étouffaient la haute notion ; mais elle existait pour les savants et les riches, car c’est chez ce peuple idolâtre, qui adorait des légumes, disent certains livres, que les Juifs ont pris leur Jehovah et leur paradis. La Bible a dû, en grande partie, être écrite en Égypte, ou tout au moins à l’aide de souvenirs rapportés d’Égypte. Le Pharaon de l’Écriture, celui qui persécuta les Juifs et éleva Moïse, pour le plus grand malheur de son peuple, ne fut autre que Ramsès le Grand. La petite tribu se révolta et fut chassée ; elle s’en alla, emportant avec elle les croyances et les