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tablir le couple, selon la pensée créatrice, en employant la femme au bien et à l’amélioration de l’homme.

Tout le livre de M. Eugène Pelletan est contenu dans cette idée. C’est à la fois un ouvrage historique et critique, un réquisitoire et une défense, Texposé brutal d’une maladie et l’indication d’un remède. L’auteur qui est un poète pratique, n’exalte pas la femme ; il se contente de la déclarer égale à l’homme, et il réclame dès lors pour elle la place que la nature lui a donnée au soleil. Il l’étudie dans l’histoire, à toutes les époques, il fouille énergiquement le passé et en étudie les misères ; puis, arrivé à notre âge, il montre ce que nous sommes, ce que sont nos compagnes, et, en vue d’un avenir meilleur, il pose la grande loi d’amour qui doit régir les sociétés futures. Son livre, je le répète, a deux parties bien distinctes : l’une historique, dans laquelle il appuie son raisonnement des exemples que les siècles lui fournissent ; l’autre d’enseignement et de guérison, dans laquelle il rétablit la famille sur une base logique et forte, et crée ainsi une société d’autant plus puissante que ses membres sont plus unis.

Toute théorie repose sur une base, tout raisonnement juste doit reposer sur une vérité. M. Pelletan pose en principe que l’homme et la femme, créés de la même argile, ont certainement une mission égale et commune dans l’œuvre ; leurs rôles, sans se ressembler, doivent avoir une même importance, se compléter l’un par l’autre. Au début, l’époux et l’épouse sont partis du berceau commun, se soute-