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grand’mère ne se fassent du mal ; ils peuvent être heureux maintenant, je meurs pour leur rendre la paix. » Puis il prit lentement la route des Vergées, et on le vit disparaître dans les bois d’Aunay. Son intention, en quittant la Faucterie, avait été de se rendre lui-même à Vire, et là, de tout déclarer devant les juges en glorifiant lui-même son action et invoquant les grands souvenirs de Judith et de Charlotte Corday. Mais il sentit bientôt sa résolution chanceler. La campagne était couverte de blés mûrs, le ciel était serein, un vent parfumé venait des vergers et les oiseaux chantaient dans les arbres. Pierre sentit tout à coup quelque chose qui se fondait en lui, ses muscles se détendirent et il lui sembla qu’il s’éveillait d’un songe horrible. « Dans le bois je repris tout à fait ma raison. Ah ! est-il possible, me dis-je, monstre que je suis !