Page:Emile Souvestre - Le Journaliste - Tome 1 - Charpentier 1839.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

démon, du péché et de la damnation éternelle. Il était Dieu ; c’était lui qui devait punir les hommes qui l’avaient offensé : il pouvait donc leur pardonner sans souffrir ces choses ; mais moi, je ne peux délivrer mon père qu’en mourant pour lui. Lorsque j’entendis dire que près de cinquante personnes avaient pleuré lorsque mon père avait chanté à l’église le dimanche, je dis en moi-même : Si des étrangers pleurent, que ne dois-je point faire, moi qui suis son fils ? Je pris donc mon affreuse résolution ; je me déterminai à les tuer tous trois, les deux premières, parce qu’elles s’accordaient pour faire souffrir mon père ; le petit, parce qu’il aimait ma sœur et ma mère. Je craignais d’ailleurs, si je tuais seulement les deux femmes, que mon père ne me regrettât, lorsqu’il saurait que je mourais pour lui ; mais je savais qu’il aimait l’enfant, et je