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tôt de la maltraiter, tantôt de lui reprocher sa faim et de lui refuser sa nourriture. Toutes ces calomnies venaient s’émousser contre la bonne réputation de Margrin Rivière, qui opposait à chaque injure une douceur plus calme ; mais, ingénieuse par méchanceté, Victoire Brion ne cessait de chercher une jointure pour arriver à ce cœur cuirassé de résignation et de miséricorde ; elle la trouva enfin. Margrin avait un fils qu’il aimait d’une tendresse toute particulière ; il le perdit après une affreuse agonie de trois jours : la mère alla aussitôt répéter partout que l’on avait laissé périr l’enfant faute de soins. Cette fois, le coup porta. Blessé dans sa douleur de père, Margrin se plaignit avec amertume et demanda à Dieu de mourir. Mais ce n’était que le prélude d’un nouveau plan adopté par Victoire Brion. Elle commença à faire des dettes con-