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lontés dans le cas où il succomberait.

Lorsqu’il eut achevé, il relut sa lettre lentement, et il se sentit pénétré d’une profonde tristesse. Cet adieu à la vie, pourquoi ne l’avait-il point écrit une année auparavant, lorsqu’il était encore pauvre et inconnu ? alors rien ne l’attachait à la terre ; mourir n’eût été pour lui que fermer les yeux et ne plus souffrir ; mais non, la fortune avait voulu lui montrer tout ce que l’existence a de doux, elle l’avait fait riche, heureux, admiré, puis maintenant, au milieu, de la joie de son triomphe, elle étendait la main pour le frapper, comme si le bonheur qu’elle lui avait d’abord donné n’avait eu pour bût que de lui faire mieux sentir l’amertume de mourir. Cette pensée fit venir une larme aux paupières du jeuûe homme, mais il maîtrisa son émotion, et plia la lettre.