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trouver dans ces nids d’aigle de vrais descendants de Guillaume Tell !… il ne vit que de petits peuples sur de grandes montagnes, et la sublime opulence de la création faisant honte à l’avaricieuse rapacité des hommes ! La Suisse qu’il avait espérée n’existait plus ; celle qu’il parcourut n’était qu’un panorama magique où l’on payait tout, depuis le fromage des chalets jusqu’aux avalanches des montagnes ; depuis la bonne mine de la fille d’auberge jusqu’au point de vue de la cascade. Partout il lui sembla contempler de gigantesques décorations peintes par quelque Titan, élève de Daguerre, pour l’amusement des touristes.

À peine s’il put rencontrer de loin en loin quelque ravine oubliée sous les pins, quelque mer de glace hors de la route des voiturins, quelques lacs encadrés de pitons bleuâtres, au bord desquels il lui fût per-