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VIERGES EN FLEUR

il était envahi par un apaisement profond, immense, infini.

Mais il eut un sourire : les lendemains de fête n’ont-ils pas toujours ce calme menteur, cette accalmie d’après tempête ?

Il descendit vers la grève.

Dans une échancrure des rochers de granit rose, entassés les uns sur les autres, avec des aspects de fantasmagorie, les baigneurs sur le sable attendaient la marée.

Philbert vit quelques prêtres, pérorant, entourés de familles d’allure provinciale. De grosses mamans surveillaient leurs progénitures ; de vieux messieurs lisaient des feuilles catholiques ; les petits grouillaient, piaillaient, cherchaient des coquillages ; c’était le petit trou familial et quiet qu’il avait désiré, la plage où les maillots n’ont pas de suggestion, où ne rode jamais le désir, où la chair qu’on voit ne hante pas le cerveau, où l’on peut vivre, enfin, sans nulle obsession.

Philbert se laissa couler doucement sur la grève, tourné vers la mer, ses regards perdus vers le frisson des vagues.

Mais les rochers surtout le captivaient et l’enchantaient.

Ils s’entassaient dans un chaos formidable. En les examinant, on découvrait des formes vagues