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VIERGES EN FLEUR

Le train est en gare. Les voyageurs se précipitent ; les portes claquent ; les voix glapissent…

Lentement, Philbert se soulève sur les coussins.

Il est seul, dans son compartiment de première classe, depuis le départ, à Paris.

Maintenant, il craint l’invasion de gêneurs. La foule l’inquiète. Il est six heures à peine : il aimerait reprendre son rêve, prolonger encore le sommeil interrompu, jusqu’à Plouaret, où il devra descendre.

Mais, à cette heure matinale, des caravanes de touristes assaillent les voitures, se jettent avec leurs couvertures et leurs valises dans les wagons.

Philbert se poste à la portière, maussade, espérant défendre l’entrée par sa mine rébarbative.

Il aperçoit soudain une jeune et jolie voyageuse, coquettement moulée dans une robe de drap sombre, coiffée d’un chapeau de feutre blanc… elle cherche une place… Ah ! celle-là peut monter…

Philbert maintenant ne pense plus à dormir. Il se dit qu’une heure de tête-à-tête avec la Belle serait un peu de joie, un peu de rêve réel, de doux enchantement.

Une heure !…