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VIERGES EN FLEUR

Ravi, extasié, Philbert considérait cette tête blonde dans les dentelles ; il admirait la gorge, glorieuse comme une fleur qui vient de s’entr’ouvrir, humide de rosée.

Il pensa :

— Ne suis-je pas un fou ? Après avoir cueilli cette adorable rose de chair et de beauté, vais-je la rejeter encore sur ma route, l’abandonner à qui viendra glaner… Pourquoi ne serais-je pas enfin le bon amant fidèle et tendre ? Oui, ce serait très doux, de se fixer ici, de se lier pour toujours à ces bras, à ces seins, et de mêler toujours à ces lèvres ma bouche !

La tentation d’une existence dans le repos et l’isolement de l’amour enchanteur, lentement le troublait. Il songeait aux caresses qui marqueraient les jours, transformeraient les nuits en heures lumineuses de suprême allégresse.

Un bruit de voix dissipa cet espoir.

C’était le matin, déjà. Et, dans le parc, Yvonne et Michelle allaient, babillaient.

Philbert se redressa.

— Et celles-là, fit-il, elles sont encore vierges ! Jeanne dormait toujours.

Lentement le jeune homme s’éloigna. Puis, vêtu à la hâte, il descendit au parc.

— Démon, qu’avez-vous fait de notre jeune