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VIERGES EN FLEUR

crois pas un mot. Les pauvres demoiselles sont un peu détraquées, un peu originales, et dans nos contrées on aime à jeter du mystère sur toutes les personnes et toutes les choses.

La partie habitée du castel était enguirlandée de chèvrefeuilles et de roses, formant sur le perron un berceau de verdure où Philbert aperçut bientôt les demoiselles.

Il descendit de voiture et très émotionné s’approcha.

Jeanne de Kerbiquet vint et tendit les mains.

— C’est fort gentil, fit-elle, d’être ainsi fidèle à sa parole. Mes sœurs sont, comme moi, ravies de votre visite ; la tristesse de ce château, durant quelques heures, va s’abolir.

Dans le feuillage du perron, Philbert salua Michelle et Yvonne de Kerbiquet. Il admira leur beauté de blondes en plein épanouissement de grâce et de charme. Sous la soie mauve de leurs robes, très amples, mais que les mouvements drapaient contre les seins et contre les hanches, il eut la vision rapide et affolante des formes de beauté qu’il préférait, la pleine floraison des gorges et des cuisses, gonflées de sèves grasses, mûries de tous le sucs savoureux de la chair.

— Soyez le bienvenu, dit Michelle, l’aînée des châtelaines de Kerbiquet. Vous désirez visiter ce manoir, espérant sans doute retrouver ici les