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VIERGES EN FLEUR

paient, froissaient les plis de sa robe de deuil. Et ses yeux, rencontrant les yeux de Philbert, exprimèrent un si douloureux reproche, que le jeune homme aussitôt répliqua :

— Oui, je pars pour une journée, afin de m’entendre, à Roscoff, avec le notaire. J’ai acheté un terrain, sur la côte de cette île qui domine la pleine mer, et j’y veux faire construire un château de légende, pour y bien accueillir la reine de mon rêve !

Marie-Reine chancela. Sa sœur la reçut dans ses bras.

— Ah ! fit la mère, voici la crise.

Les yeux de la jeune fille se formaient, son corps se raidissait, et ses dents se serraient : et pourtant, sur sa bouche, des paroles naissaient :

— C’est moi… c’est moi la reine… Marie, la douce reine…

— Oui, dit Philbert, vous êtes la chère et tendre souveraine d’autrefois, revenue aujourd’hui pour m’aimer ! Ô Marie, Marie-Reine, ne vous enfuyez pas ainsi dans ces sommeils qui sont des retours vers le passé. Que votre esprit ne s’évade plus, mais reste près de moi. L’amour et le doux culte que vous allez ainsi chercher dans les antans, je vous les donnerai, Marie-Reine, dans la réalité et la joie de l’heure pré-