Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/243

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
241
VIERGES EN FLEUR

— Tu es le chevalier Bayard du pot-au-feu !

— Raille, Un jour tu seras comme moi ridicule. Fixe ! Voici ma femme.

Une grosse dame, en peignoir rouge, apparut sur le seuil, suivie d’un angora.

— Ma chère, le hasard m’amène cet ami, un vieil ami d’antan qui passe en ce pays.

— Soyez le bienvenu, monsieur.

Philbert pensa :

— Celle-ci, c’est la prose !

La dame était énorme. Sous les étoffes minces du peignoir, la gorge dessinait ses masses écroulées ; le ventre se haussait pour soutenir les seins. C’était l’obésité dans toute sa splendeur.

Oscar, très galamment embrassa son épouse ; puis ses mains lui tapotant le bas des reins ;

— Philbert, je te présente la femme la plus plantureuse de Saint-Pol-de-Léon !

La grosse dame minauda :

— Oscar, sois convenable, et ne fais pas le fou.

— Oh ! Philbert me connaît, je ne me gêne point. C’est un frère. Dis, vieux, ma femme est belle ! Je suis très amoureux d’elle et le crie bien haut. Oui, nous avons vingt ans encore : nous sommes de vieux jeunes, et jusqu’à cent dix ans, nous resterons gamins. Fanoche, ma co-