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VIERGES EN FLEUR

enfin demanda grâce. Et la belle accorda ses fleurs et son baiser à celui qu’elle aimait.

Kersabiec, le marin, grimpa sur une roche et son biniou chanta des airs de vieilles rondes.

Garçons et filles, les mains liées, dansèrent sur le sable.

Ils entouraient le musicien et leurs voix se mêlaient aux sons de l’instrument. Les chants étaient tristes et doux ; ils disaient les amours mélancoliques des pêcheurs d’Islande et des filles de la côte, et la tristesse des vierges veuves qui ne retrouvent pas le promis quand les barques rentrent au port.

L’abbé Le Manach et Luce s’étaient écartés ; on les voyait rôder dans les rochers, près de la lande nouvellement défrichée ; ils conversaient avec animation. La jeune fille semblait nerveuse, avait de grands gestes, agitait son ombrelle.

— Vous avez réfléchi, mademoiselle ?

— Oui.

— Quelle réponse aurai-je à donner à mon cousin ?

— Oh ! vous êtes pressé !… Attendez quelques jours !

— Est-il possible que vous hésitiez encore !

— Vous le voyez.