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VIERGES EN FLEUR

et l’occasion s’offrent, elles les fuiront, sinon par vertu, du moins par crainte d’étaler aux regards du complice des lingeries douteuses…

— Conclusion, dit Philbert, la vertu est la fille de la saleté. Ohé ! Vive le vice ! Le vice est beau, le vice est propre.

Les coureurs arrivaient. Le vainqueur se précipita vers la jeune fille aux yeux glauques, aux cheveux roux.

C’était un gars maigriot, pâle, au masque bestial où ruisselait la sueur. La Bretonne voulut le fuir, refuser les fleurs et le baiser. Mais lui, brutalement la prenait en ses bras, plaquait ses lèvres grasses sur les joues qui cherchaient toujours à s’évader.

Mais soudain le vainqueur poussa des cris de rage.

Un poing s’abattait sur son crâne et frappait à grands coups. C’était un concurrent, l’amoureux de la belle, qui défendait sa mie. La lutte s’engagea. Les deux rivaux roulèrent sur le sable. On les entoura ; on les excita. Ce spectacle inattendu ravissait les Bretons qui aiment par-dessus tout ces duels acharnés et cruels.

Les ennemis se mordaient, se déchiraient, s’injuriaient, hurlaient : leurs visages étaient tuméfiés et sanglants. Le vainqueur de la course