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VIII

Une foule apparut, grouillant sur le sable, semée dans les rochers, dispersée en grappes parmi les champs d’ajoncs, devant quelques maisons. Des hommes, armés de pics, de pioches, défonçaient la lande, arrachaient les vieilles souches, les touffes épineuses, et traçaient des sillons dans les terres incultes.

Jeunes gens et jeunes filles, en groupes, babillaient.

L’arrivée des baigneurs fit cesser un instant la fête.

Les Bretons n’aiment pas l’étranger — et pour eux quiconque n’est pas de la paroisse ou du canton est un étranger. Ils ne s’enchantent pas, l’été, de l’invasion des touristes qui passent, laissant à profusion de l’argent dans ce pays pauvre. Ils n’ont pas l’âme commerçante ; le négoce pour eux est presque une tare. Ils vivent en seigneurs, hautains et fiers de leur misère. Sur la