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VIERGES EN FLEUR

La nuit était tombée. Doucement, une voix murmura :

— Voudrez-vous, moi aussi, que je vous accompagne ?

C’était Luce.

— Oh ! je vous en supplie, fit-elle, répondez.

Et dans l’ombre sa main cherchait la main de Philbert.

Il répondit :

— Pourquoi ne viendriez-vous pas ? Je n’irai pas seul, là-bas, puisque tout le monde m’accompagne…

— Je ne suis pas tout le monde…

— Oh ! si… Je vous ai cru différente des autres ; je vous ai vue plus belle que vous n’êtes vraiment. Si, si, Luce, vous êtes bien mademoiselle Tout-le-Monde. Qu’importe : je vous aime ainsi. Que vous faut-il de plus ?

— Non, vous ne m’aimez pas. Je le vois, je le sens.

— Étrange créature !

— Étrange, oui, croyez-moi. Je ne me comprends pas moi-même. Je crois que je suis par instants une déséquilibrée, une détraquée…

— Erreur, Luce, vous êtes une demoiselle très forte, très sérieuse, très pratique.

— Non, non…

— Je vous connais maintenant, ma chérie.