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VII

Durant quatre jours, Philbert parcourut une contrée sauvage, des landes et des bois, des hameaux misérables. Peu à peu, la surexcitation de sa chair affolée par le désir de Luce se calma. Mais son cœur demeura plus vivement atteint par le frisson d’amour. C’était une douceur infiniment exquise, un attendrissement profond et délicieux. Philbert faisait des rêves de félicité presque chaste ; il voyait une vie quiète et sans angoisses, avec la bien-aimée, en quelque château de légende, sur une grève, ou dans une lande de la terre d’Armor.

S’isoler avec elle, en ces décors sauvages, devenir Roméo et Juliette, avoir de nouveau seize ans, et s’adorer, s’aimer, — s’aimer jusqu’à la mort !

Sans doute, l’apaisement de la nature, le silence de cette contrée, l’aspect de ses paysages et de ses habitants l’attendrissaient ainsi.