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VIERGES EN FLEUR

veuve Binic. En l’affolement des caresses, sous la pluie chaude des baisers parsemés sur ses seins, et jonchés sur ses lèvres, Luce avait tressailli des infinis frissons de l’âme et de la chair : elle avait été prête à l’offrande suprême de son corps en amour. Maintenant, tout cela s’abolissait ; son cœur se reprenait, et sa chair se glaçait. Plus que l’enchantement, plus que la joie d’aimer, l’ambition la stimulait et l’attirait. Elle était bien la vierge de ce siècle, la fille des bourgeois voués aux cultes bas, pétris de vanités et d’avarices, la vierge plus infâme que la prostituée, la vierge sacrilège au vrai Dieu, à l’amour.