Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
168
VIERGES EN FLEUR

à chaque trot de cheval, anxieuse aux roulements lointains des voitures.

L’abbé Le Manach était parti aussi.

Il revint le premier.

— Eh bien ! demanda-t-il, le voyage fut bon ?

Luce ne put cacher son angoisse, déplora l’absence de Philbert.

— Mon enfant, dit le prêtre, je pleure votre folie ; et maintenant surtout, plus que jamais ; car votre passion fatale est née au moment où le bonheur pour vous apparaissait au ciel. Je viens de Saint-Brieuc. Mon cousin Raphaël du Guiny m’a confié qu’il vous aime et que son vœu le plus cher serait de vous donner son nom.

— Raphaël du Guiny ! murmura Luce.

— Vous devez le connaître.

— Oui, de nom. C’est, dit-on, un des plus riches et plus aimables châtelains de notre Bretagne.

— En effet. Il possède des châteaux et des fermes très importantes sur tout le littoral des Côtes-du-Nord et du Finistère. On évalue sa fortune à plus de deux millions.

— Vraiment, il vous a dit qu’il pense m’épouser.

— Même il m’a prié — sachant que vous passez cet août à Trégastel — il m’a prié de vouloir