Sa bouche se penchait, semait dans les cheveux des essaims de baisers légers, de baisers ailés. Et ses bras enserraient délicieusement Luce, dans une étreinte chaste et jalouse.
— Ah ! comme ils sont gentils tous les deux ! fit la veuve. Vous êtes fiancés, bien sûr des amoureux !
Luce leva ses yeux suppliants vers Philbert.
— Des fiancés ? fit-elle.
— Voulez-vous ?
— Je le veux !
Il prit en ses mains la douce tête, ferma les yeux de Luce sous de fervents baisers. Puis, s’emparant des lèvres, il voulut les déclore pour y prendre la suprême caresse des fiançailles d’amour.
— Je vous aime ! dit Luce.
— Je t’aime ! dit Philbert. Je t’aime ! Je t’aime ! Je t’aime !
Jamais il n’avait tressailli d’une joie plus profonde. Et toutes ses amours d’hier s’évanouissaient devant le charme de cette simple idylle. Il se sentait plus jeune ; il lui semblait que son cœur vibrait pour la première fois.
Après le souper, la veuve Binic déclara :
— Voici l’heure du lit. Je vais éteindre la chandelle. Les dames se coucheront d’abord : les dames, c’est vous, mademoiselle et moi.