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VIERGES EN FLEUR

s’approcha de Philbert et l’invita à s’inscrire sur le registre des étrangers. Rapidement, il traça les indications exigées ; puis, trouvant un album de vues photographiques où toutes les merveilles de cette côte fantastique de Bretagne étaient reproduites, il s’attarda quelques instants à regarder les images. Et, cherchant Luce ensuite, il l’aperçut qui ouvrait le registre où il venait d’écrire son nom.

Il sourit, en pensant : « Tiens, tiens, je l’intéresse ! Elle veut savoir qui je suis, d’où je viens ; si j’étais un fat, je croirais déjà que je ne lui déplais pas. Qui sait ? La douce vierge, ainsi que ses pareilles, n’a sans doute qu’un désir et qu’un but : le mariage ; son amour pour l’abbé n’est qu’une passionnette, un rêve qui s’efface et passe. Elle cherche un mari. Va, chasse, pauvre enfant. Tu es victime aussi de ces lois criminelles qui asservissent la vierge, entravent sa chair, lui défendent l’entrée des paradis terrestres. Tu veux l’affranchissement dans le mariage. Pauvres, pauvres pucelles, vous n’aurez donc jamais le courage de la rébellion ; vous vous courberez donc toujours sans résistances, sans vous dresser toutes à la fois, dans une révolte grandiose qui aurait pour drapeaux vos chairs blanches et roses offertes à l’amour !

L’hôtellerie des religieuses, située en un décor