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DOUCES AMIES

peu, cette mollesse qui est au fond de mon caractère, et qui a compromis ou ruiné tant de fois mon bonheur, me retint à Paris…

Cette mollesse — certains l’appelleraient sagesse — n’est pas une lâcheté physique, mais le résultat du travail psychologique qui se produit dans l’esprit de ceux qui pensent trop, au lieu d’agir sous la fougue et la violence du premier mouvement.

J’étais, assurément, certain que ma Suzette chérie m’accueillerait les bras ouverts et le cœur enchanté… Mais qu’adviendrait-il ensuite ?… Ce serait de nouveau toutes les tortures de la séparation, tous les supplices du cœur et toutes les agonies… Ou bien quelque pire aventure… Un drame conjugal, avec les scandales, les horreurs, les abominations… Et je pensai surtout aux deux petits bébés, qui perdraient la maman, la maudiraient peut-être.

Oui, Suze avait raison… C’était fini, nos baisers, nos joies, nos fêtes d’amour.

Mais quelle désolation !… L’espoir vaincu… Mon cœur en ruines…

Durant plus de trois ans, je ne fus qu’une épave dans les flots de Paris…