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DOUCES AMIES

nous sommes loin !… Je ne t’ai pas écrit plus tôt… J’ai eu peur… Si tu avais connu ma nouvelle résidence, peut-être serais-tu accouru vers moi… Quelle misère !… Ici, dans cette ville, avec la situation de mon mari, notre aventure bien vite eût été découverte… c’était impossible. Voilà pourquoi je t’ai laissé si longtemps sans nouvelles. Tu me pardonnes, n’est-ce pas ?… Aujourd’hui nous partons… la ville où je vais vivre sera encore très loin de Paris… C’est fini nos baisers, tu le vois, tu le comprends… Mais le passé, pour moi, n’est pas mort… il vit toujours, avec ses délices, ses enchantements… Ta Suze t’aime bien… follement… Par-dessus tout !… »

J’eus aussitôt l’intention de partir. Pour retrouver ma douce amie, que j’adorais encore de toutes les forces de mon cœur, de toutes les palpitations de ma chair, je serais allé au bout du monde.

À l’époque même où Suze m’écrivait, j’appris par les journaux qu’une promotion d’officiers supérieurs appelait à Constantine le colonel de B… en garnison à Alger. Je fis quelques recherches, et je découvris qu’au temps où ma très aimée avait disparu, ce même officier avait quitté la garnison de Versailles. Sans aucun doute, ma Suze était sa femme !…

Je me préparai aussitôt au voyage. Mais, peu à