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DOUCES AMIES

trine, de ses bonds impétueux ; chaque ondulation de ses seins durs et lourds me pénétrait et m’oppressait. Ses mains s’agrafaient à mes épaules pour me tenir étroitement lié…

Jusqu’au soir, notre amour s’exalta, dans cette exquise mélancolie qui avive l’amour. Ma Suzette pleurait et sanglotait, chaque fois que mes caresses faisaient jaillir en elle les sources de la joie.

« Je t’aime, criait-elle, je t’aime ; je suis heureuse et je pleure. Bois mes larmes d’amour ; oui, prends cette rosée, c’est du bonheur qui s’écoule de moi, parce que mon âme en est pleine et déborde aujourd’hui !…

Tout en pleurant, ses yeux me souriaient, m’affolaient. Et je m’abandonnais à cette ivresse ; je pleurais aussi, je criais, je râlais…

Ce fut une fête d’amour et de volupté inouïe, au-dessus des forces humaines. Suze n’était plus la douce et tendre amie que je connaissais, mais une bacchante impétueuse et insatiable.

— Oh ! fit-elle en riant, je te tue, mon aimé… C’est que je t’aime trop. Je voudrais, aujourd’hui, te dissoudre tout entier, faire de toi un torrent d’amour qui coulerait en moi jusqu’à la dernière goutte, et que j’emporterais, pour toujours, pour toujours…

Quand vint l’heure du départ, elle s’habilla à