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DOUCES AMIES

harmonieux et vif ; nous n’étions plus qu’un corps, qu’une pensée, qu’un frisson !

Toutes mes amertumes, toutes mes incroyances, ce soir-là s’étaient fondues. Et je n’avais même plus cette constante épouvante qui me torture sans fin, cette peur suppliciante de moins t’aimer un jour, de n’être plus aimé…

Le passé mort, éteint, gisait en sa ténèbre. Et l’avenir, c’était le nouveau baiser que je cueillais à ta lèvre, celui qui fouillait ton corsage pour adorer les seins.

Tu étais vêtue d’un long manteau d’une étoffe souple et tiède ; et l’ayant entr’ouvert, ô ma charmeuse, je t’avais trouvée prête à la chère offrande que tu m’accordes de ta beauté, de ta splendeur.

Oui, ta gorge était nue et dans l’ombre maintenant régnante, sa blancheur éclatait, troublante et lumineuse, ainsi que des vagues phosphorescentes, une nuit d’orage, sur les sables du Nord…

J’admirais ce miracle de la chair féerique. Oui, miracle vraiment. La nuit, très noire, enveloppait les choses… je ne voyais plus rien, rien, ni ta bouche, ni tes mains, ni ta souple silhouette drapée dans le manteau ; mais je voyais les seins, d’une blancheur vaporeuse, et comme vêtus de feux follets.