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DOUCES AMIES

qu’on vivra toujours ce doux moment, et que les mains liées ne se délieront plus !

L’ombre mauve, assombrie, prenait des tons d’iris, de ces iris germains, obscurs à leur naissance, presque noirs quand surgit leur calice enroulé au-dessus du feuillage en lances d’émeraude.

Le silence régna. Nos mains toujours unies, je t’attirai sur mes genoux ; et lentement, haussant jusqu’à ta bouche mon baiser éperdu, je savourai l’ivresse si douce et si profonde que verse ta beauté.

Oh ! ce baiser, ces baisers dans la nuit, dans les parfums, dans les lilas !

Ce n’était plus une caresse, un frémissement, une sensation ; mais une magie qui m’ensorcelait, m’emportait vers des horizons infinis, à travers des espaces sans limites, dans la pluie d’or des astres. C’était une vie nouvelle que tu me créais, dans l’extase et le ravissement.

Dans les clartés d’azur nous voguions maintenant, ma douce-aimée ; les lilas rayonnaient, auréolaient nos fronts, et nous paraient de leurs royales couronnes…

Mes baisers montaient, montaient toujours vers ta bouche ; ils l’emplissaient de leur tendresse, la saturaient de mon amour. Les battements de nos cœurs s’unissaient en un rythme