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DOUCES AMIES

Un homme de la gare brusquement ouvrait la portière.

Suze disparut dans la nuit.

XI

Dans l’ombre mauve du crépuscule nous nous cachions, ma douce-aimée : les lilas fleuris inclinés sur nos fronts nous paraient de leurs vives et mystiques couronnes, créaient autour de nous la joie du paradis.

Nous nous étions assis sur un vieux banc rustique, envahi par les mousses et tiède comme un nid. Et ce parc magnifique où notre amour se réfugiait, ce soir de mai, n’était que le jardin d’une auberge perdue sur les bords de la Seine, entre Rueil et Bougival.

Nos mains s’entrelaçaient, nos mains s’entreliaient ; lianes souples, ardentes, heureuses de se nouer en une longue étreinte qui peut-être ne se détacherait jamais…

Car, aux heures bénies, notre rêve parfois se croit réalisé ; la traîtresse chimère, docile à notre vœu, semble enfin l’exaucer. Rien n’est plus que l’amour… On s’abuse, on se leurre : il semble