Page:Emery - Douces amies, 1920.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

X

Paris est la ville de ces mystérieuses amours qui envahissent brusquement notre existence, la bouleversent, puis s’éteignent avec la même soudaineté qu’elles étaient nées…

L’amante que nous tenons éperdue dans nos bras, que nous possédons tout entière, chair et âme à l’heure bénie de l’amour, dans un instant, sera partie. Et qui sait désormais, si nous la reverrons !

Mais peut-être cette angoisse torturante de perdre le bonheur, à tout moment, nous le rend plus cher… Dans la sécurité, au contraire, la passion s’alanguirait, confiante, et s’éteindrait bientôt…

Depuis deux mois déjà, nos cœurs se liaient dans l’extase ; depuis huit jours, nos chairs, sous les feux du baiser, l’une à l’autre s’étaient soudées. Maintenant, cette femme illuminait ma vie. Absente ou loin de moi, elle emplissait mon âme. Même, dans mes sommeils, sa chère image encore palpitait, près de moi ; je la voyais, je la tenais enserrée dans mes bras, ensemble nous planions dans l’azur de mes rêves.