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DOUCES AMIES

osé renier le mystère ineffable, le flétrir comme une déchéance humaine et la chute vers l’ordure ?… Mon Dieu, mon Dieu, ce n’est pas vous qui les avez créés, ces apostats : ils ne sont que des larves enfantées par l’esprit du mal, des ombres mensongères et perfides, dont il faut repousser et vaincre la vaine image…

… Chère adorée, hier, tu m’as donné l’azur des paradis terrestres. Je croyais que les heures seraient enfin clémentes à notre béatitude et ne nous auraient plus désormais séparés… Elles ont, hélas ! vite emporté mon espoir… Maintenant, je suis seul, seul, loin de cette fleur blanche et rose de nymphéa féerique que mes bras enlaçaient, que mes lèvres baisaient… Mais j’ai du moins conservé ton parfum, et peut-être mieux que ce suave parfum… car si ton corps est loin, ton cher cœur invisible est là peut-être, près de moi, qui palpite et tressaille encore, et me rend si nette, si réelle l’enchanteresse vision, qui n’est pas évanouie, qui ravit ma solitude, et que je retrouverai, demain, plus palpable lorsqu’à mon cou, ma petite fée, tu remettras ce joyau magique : le collier doux de tes bras blancs !…