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DOUCES AMIES

Oui, c’est la radieuse et divine folie de l’amour ; s’unir, corps et cœurs, se resserrer si intimement, qu’on ne soit plus qu’une âme et qu’une chair. Œuvre divine, où deux êtres se fondraient comme de purs métaux, pour former un alliage merveilleux, et que rien ensuite ne pourrait dissoudre.

Hélas ! Nous gémissons de notre lamentable impuissance de ne pouvoir prolonger indéfiniment l’illusion extasiée. Les chairs se délient, les bras se dénouent.

Mais cependant, à ces heures bénies, ne mêlons-nous pas réellement quelque chose de nous, plus pur et plus subtil que les effluves charnels ? N’exhalons-nous pas victorieusement deux souffles d’amour qui ne font bientôt plus qu’un seul et impérissable parfum, pour s’envoler très haut, dans l’océan d’azur de l’éternel, aimer ?

Oh ! ma bien-aimée, cette soif éperdue du baiser qui incendie nos lèvres, elle est, croyons-le bien, l’appel impérieux de l’Immortalité. Cet encens voluptueux qui s’évapore de nos chairs incendiées, c’est notre âme qui monte, un peu chaque jour, en essors inconscients, vers le cœur des dieux et s’y réfugie pour l’éternité…

… Maintenant, ma bien-aimée, tu palpitais, presque nue, sur le grand lit où je l’avais posée.