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DOUCES AMIES

parmi les ondes humaines ; ils ne voyaient dans ce flot monstrueux que la chère silhouette, aux lignes harmonieuses et si troublantes, et cette robe noire dont la ténèbre savante accentue votre beauté, accroît la grâce ensorceleuse de la mignonne tête, fait briller davantage le flamboiement des cheveux d’or.

Nos mains s’étreignirent. À l’interrogatoire suppliant de mes regards, vous avez murmuré, très pâle, paupières baissées, un peu hésitante, semblant déjà regretter votre aumône :

« Ma journée est à vous, mimi… »

Mendiant généreusement exaucé, je vous emportai vers la voiture. Et ce ne fut qu’un long baiser de nos bouches mariées, jusqu’à l’arrivée…

Alors, je vous entourai de mes bras preneurs, je vous emprisonnai, au milieu de la chambre, dans leur cercle flexible, tandis que ma bouche reconquérait la vôtre, et que se gonflait ma poitrine sur la courbe ondulante de vos seins mouvants.

Oh ! chère aimée, cette étreinte, à peine entrés ; cette étreinte rapide et gourmande : il semble, sous la chaleur des chairs que les vêtements se fondent, tombent en gouttes brûlantes, et que les corps, libérés des étoffes, se lient, se pénètrent, s’identifient !