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DOUCES AMIES

yeux, sur mon front, sur ma bouche ! on dirait une rosée salutaire…

Et plus bas, vous avez balbutié…

… Qui me rafraîchirait, si elle tombait encore et me revêtait toute !…

Toute !

Brusquement je levai le store ; et dans la rue lointaine où le cocher nous promenait, j’aperçus bientôt l’hôtellerie désirée. Je descendis et vous entraînai. Et dans la chambre, éperdu, fou, n’écoutant plus vos résistances, j’enlevai votre chapeau : l’auréole de vos cheveux blonds tomba sur votre front, et vous m’apparûtes plus jolie que jamais encore, et plus troublée. Je dégrafai votre corsage : vos bras se raidirent et se révoltèrent, mais en vain : j’arrachai l’étoffe : vos épaules surgirent et vos seins, d’un blanc si tendre, où le sang tout à coup se figeait, vos seins dont la chair tumultueuse s’affranchissait et montait en vagues effarées parmi les dentelles frissonnantes. Et mes lèvres s’abattirent ; elles disputèrent à la chemise les chers trésors qu’elle protégeait ; elles écartèrent la violence du corset, pour saisir avidement les soyeuses petites roses dont la pointe m’appelait. Vous luttiez encore quand je délaçai les jupes. Je vous avais doucement posée sur un large divan, où je vous vois encore, fermant les yeux, murmurant de vaines défenses,