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DOUCES AMIES

chérissiez en moi… Sottes inquiétudes et qui sont, direz-vous, d’un cerveau compliqué, ayant l’insupportable et vaine prétention d’être un amant neuf — comme si nous n’étions pas tous très pareils, à s’y méprendre !

Mais, puisque vous changez, ô femmes, n’est-ce donc pas que vous espérez rencontrer au moins une nuance de l’imprévu, du nouveau ?…

Allez, si vous le trouvez parfois, ce n’est guère dans la variété des caresses, dans la dissemblance du baiser… Les amants, je suppose, connaissent tous aussi subtilement le grand art d’exciter les fantaisies sensuelles, de varier leur rythme, de transposer les notes aiguës des harmonies voluptueuses. Sur la harpe de votre chair, nos doigts et nos lèvres ne tentent-ils pas toujours les mêmes accords, ne font-ils pas frémir chacune des cordes du merveilleux instrument : et le concert n’est-il pas le même toujours, quelque soit l’infinie diversité des variations ?…

La seule chose qui distingue les artistes, ce n’est pas la virtuosité : c’est l’inspiration, c’est l’âme…

Voilà pourquoi, ma bien-aimée, je m’acharne tant et tant à mettre beaucoup de mon âme dans la symphonie d’amour, au lieu de m’occuper