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DOUCES AMIES

donc, Monsieur, dans une glace, considérez comme vous êtes laid, avec vos grosses moustaches ! Et vous pouvez vous imaginer qu’une exquise et divine petite reine d’amour vous aime, ressente quelque volupté à recevoir vos lèvres poilues sur sa mignonne petite bouche rose ; fi Monsieur le naïf et Monsieur le nigaud, je vous supposais un vérité plus d’esprit que cela !… Vous êtes laids, très laids, Messieurs les amants. Aussi bien n’est-ce pas vos personnages, ô Bottoms, qui tentent les radieuses Titanias ; ni vos moustaches, ni vos lèvres dont les gourmandes récoltes aux roses de la chair fleurie sont de vaines caresses sur un bloc de marbre… Elles vous jouent la parade, vous engluent aux bagatelles de la porte, pour vous bien maintenir ensuite en d’implacables servages ; et vous les paierez cher plus tard, les tendresses radieuses des aubes passionnelles, vous les paierez de votre fortune, de votre sang, de votre vie…

Eh ! qu’importe, mauvais Doute, toute ma fortune, mon honneur, ma vie, c’est encore trop peu pour acheter le Trésor que je désire et que je veux !…

Et qu’importe, après tout, que l’Aimée soit ou non sincère ? que m’importe vraiment, puisqu’elle me donne du moins la divine illusion et