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DOUCES AMIES

des épidermes — à vouloir des joies surhumaines, des luxures infinies où nos âmes se fondent en même temps que nos chairs ?

Vanité peut-être, mais vanité superbe qui exalte les cœurs inquiets et les élève au-dessus de la boue où les autres grouillent, grognent leurs amours, à la façon des animaux, dédaigneux des raffinements, satisfaits des pratiques génitales des races vertébrées.

Ceux-là, comme nous, ma bien-aimée, s’écrient : Je t’aime ! parmi leurs canines lubricités, ils profanent la formule sainte, que nous murmurons avec dévotion ; ils la prostituent, ils détruisent ainsi son merveilleux pouvoir…

— Suze ! Suze. Je vous aime !…

Vos bras alors s’ouvriront, pour recueillir l’étreinte, et votre bouche aussi se livra tout entière. La menace des dents aiguës se fondit en un plein abandon ; ce fut notre baiser de fiançailles passionnelles, la promesse désormais irrévocable nous liant l’un à l’autre pour le temps d’un amour.