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DOUCES AMIES

banale sensualité ; la sollicitation d’un instinct grossier qui s’émeut à l’approche de toute chair féminine ; l’appétit inconscient de n’importe laquelle, hurlant son besoin avec les mêmes gestes, hélas, et les mêmes frissonnements que l’amour ?…

Chères aimées, je comprends votre angoisse et votre horrible doute. Je vous pardonne vos soudaines résistances, vos efforts affolés pour vous reprendre, vous étant déjà à demi données… Oh ! la peur, l’abominable peur doit vous étreindre alors et vous irriter de n’être pas l’élue, souverainement aimée, miraculeusement désirée, mais seulement la chair à plaisir, la machine à spasmes, la donneuse de joie.

Avant de nous accorder la gloire de baiser vos petites mains blanches, vous devriez nous imposer de préalables épreuves, nous obliger à de lentes et passionnées conquêtes, vous assurer de la sorte que nous ne sommes pas le passant — mais l’amant !

Temps perdu, peut-être… Quand on s’adore, n’est-il pas doux de se baiser, de se pâmer, de mêler ses cris de joie, de se plonger à chair perdue dans l’océan des voluptés ?…

Et qui sait, n’est-ce pas folie et vanité, de s’acharner comme nous faisons — celles et ceux qui conçoivent l’amour au-dessus du contact