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DOUCES AMIES

Quelques instants à peine s’étaient écoulés… Déjà, dans un gracieux sourire, votre bouche s’était animée ; j’étais ravi, car vos lèvres, comme vos yeux, étaient au-dessus de mon rêve ! Je savais maintenant qu’elles étaient pures et délicieuses les deux sources jaillies, en cette après-midi d’attente, où bientôt il me serait permis de boire et me désaltérer :

Vos yeux, vos chers yeux — source d’extase coulée des lacs profonds du cœur.

Vos lèvres, vos douces lèvres — source de volupté, stillant en baisers, des jardins de la chair.

V

Votre babil s’était éteint… Nos mains se cherchèrent, se joignirent en une molle et paresseuse étreinte. Puis vos yeux s’étant clos, rapidement je me penchai, écrasant votre bouche sous l’impérieuse cascade des baisers lourds, des baisers qui tombent, rejaillissent, s’enfoncent dans le gouffre — le gouffre rose où souvent ils se noient, mais où du moins les ranime cet