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DOUCES AMIES

ses attitudes, en son agenouillement silencieux.

Vous êtes belle, ô ma bien-aimée. Dès ce jour où mon admiration s’émerveilla vos yeux et vos lèvres m’avaient enjôlé…

Les yeux et les lèvres, les suprêmes beautés qui m’attirent et m’ensorcellent. Oui, je veux chez l’aimée, la perfection et la pureté de ces organes qui sont, à mon avis, les plus suaves fleurs de cet admirable bouquet, la femme très aimée.

Les yeux me donnent le capiteux parfum de son petit cœur ; les lèvres me distillent la précieuse essence de sa chair.

Plus tard, certes, je m’attarderai aux vallons de sa gorge, aux montagnes sacrées, aux paysages tumultueux de sa croupe enfiévrée. Mais je reviendrai toujours vers la lumière des yeux et le nectar des lèvres, mes délices préférées.

J’ai dit, chère âme, le dictame de vos yeux, leur humide et tendre rayonnement de turquoise, leur magique empire — ineffable poème que je voudrais éternellement chanter, en actions de grâce, à vos pieds ! Comment pourrai-je décrire la corolle embaumée, la soie délicate et rose de vos lèvres frémissantes qui s’entr’ouvrent orgueilleusement sur l’émail éclatant des mignonnes canines, acérées pour les morsures passionnées des délires d’amour ?…